J'ai oublié d'écrire
J’ai oublié d’écrire
J’ai oublié comment écrire surtout.
Je crois que j’ai désappris ça comme j’ai désappris l’amour.
Bien sûr qu’on peut ‘désapprendre’ ! Picasso a bien désappris à dessiner disait-il…
Il y a peu, j’ai eu le cran de retourner là-bas.
Oh, pas longtemps, pas partout.
Juste sur quelques pages.
J’avais écrit quelque chose comme ça :
« Et je veux laisser nos traces aimées et aimantes sur la froideur cassante des objets du monde, juste nos chaleurs d’alcôve goûtées, exaltées, éphémères. Je veux les rendre témoins futiles de la force de ce qui nous a unis… pour garder encore un peu au cœur et au creux des larmes l’indicible bonheur de l’instant, aussi fugace que le premier rayon de l’aurore. »
Je n’ai pas de regrets sur le fond, pourquoi ou pour qui j’ai écrit cela. Juste un fond de tristesse de ne plus savoir écrire comme ça. On me disait que j’écrivais bien…
J’ai le sentiment que les mots m’ont désertée, que ma faculté à habiller mes émotions pour vous les montrer s’est délitée.
Et en grattant un peu, j’entrevois autre chose : ce n’est pas la partition qui m’a abandonnée, ni même une certaine propension au lyrisme. C’est l’émotion brute, tout simplement.
Je n’ai plus grand chose à écrire sur ces pages parce que je ne vis plus grand chose qui me donne l’envie d’écrire.
Du plat, du terne, du médiocre, du sans saveur... et de la méfiance. Beaucoup de méfiance !
Du croustillant… à première vue peut-être, dans les faits immédiats.
Mais rien qui ne me fasse vibrer.
Alors à quoi bon le partager ?
Juste parce que c’est un blog classé adulte et que j’ai un quota de publications tendancieuses à faire ? L’autopsie détaillée de mes dernières parties de jambes en l’air ?
Beurk !
J’aimerais briser la glace qui m’enserre parfois, ne plus avoir cette peur irraisonnée de ressentir. Mais il faut dire que je ne m’en donne guère l’occasion même si on se les gèle là-dedans parfois
Mais y a-t-il encore quelque chose de fécond à sauver là-dessous ?
Peut-être que j’attends un printemps qui ne viendra jamais ?
Peut-être que je ne saurai plus jamais écrire ?
^v^