Les mots

Les mots ont quelque chose de définitif.

On peut s’excuser, avancer qu’on ne les pensait pas ou si peu, argumenter qu’on ne les a lancés que par jeu…

Mais ils restent là, cicatrices, même infimes… comment les oublier ?

Je n’oublie pas les mots que j’ai surpris et qui ne m’étaient pas destinés.

Je n’oublie pas les mots que j’ai lus, ceux d’amour, ceux de colère, ceux de jalousie.

Je n’oublie pas les mots que j’ai entendus, ronronnés et brûlants, hurlés sur un flot de sang chaud, articulés, froids et lapidaires.

Je n’oublie pas les mots que j’ai prononcés, ceux que j’ai écrits.

Aucun.

Tout le monde change, évolue, remise ses rancœurs, noie ses chimères et ses douleurs plus ou moins efficacement.

Des images s’évaporent, les goûts s'allègent, les odeurs se remisent soigneusement dans nos mémoires.

Rien de très grave après tout…

Mais non, les mots ne s’effacent pas.

^v^

Comments

[l'Isabella]

Les mots sont des tatouages...
Pour les effacer, en surface on peut, vive le laser de la mémoire...
Mais en définitive... ca ne change pas grand chose...Ils sont dans nos têtes.

Prenez soin de vous, et bienvenue chez moi

[Selina]

Monsieur, tu savais tout ce qui concerne cette histoire-là en tout cas. Mais non, tu n'es pas omniscient, fort heureusement, on peut vivre sans toi.
Monsieur, même si tu penses différemment, ça ne signifie pas que j'ai tort, non ? Si je dis que ce n'est pas reluisant, c'est ce que je pense moi et ici, c'est le seul endroit où je peux l'exprimer, ne t'en déplaise, à toi et à quiconque. Mon blog n'est pas un forum, c'est mon journal et on n'invite pas n'importe qui chez soi à priori. J'ai activé ton com puisque tu t'es senti visé par mon texte, c'est déjà ça. Mais sache que tu n'es pas le bienvenu ici, tout comme dans ma vie que tu as saccagée.
Monsieur, je ne t'embrasse pas.

@ Ile, tes pensées poétiques viennent me toucher agréablement ce soir. Tu sais les nuances entre les paroles belles et de "belles paroles", entre les mots évanescents et les mots qui nous tatouent à vie.
Merci de ton regard.

[Ile]

Les mots, leur sens, ce qu'ils véhiculent entre les êtres, de l'amour à la rancoeur, de l'envie à l'incompréhension... Il y a ça. La mémoire de ces mots qui appartient à chacun.

Et puis il y a ceci. Les mots et leur pouvoir. Sur les autres et sur soi d'abord. Je sais que tu as rencontré cette jouissance lumineuse des mots en flots d'incantation poétique. Cette révélation sans l'écriture que peut-être nous ne sommes pas maîtres de tout, mais que nous sommes, nous aussi, simples véhicules de ces mots.

Non, les mots entre les êtres ne s'effacent pas car ils nous engagent et ils signifient la relation.

Les mots pour soi, eux, peuvent bien s'envoler, c'est beau ainsi. Comme un rêve dont on ne se souviendrait pas. C'est amusant, j'avais un billet en tête depuis un moment sur ce sujet qui a coulé ce soir, sans s'envoler celui-là. Clin d'oeil du hasard...

Pensées poétiques.

[Lestat]

Madame, c'est me donner grand cas que de dire de moi que je savais tout...
De dire aussi que je suis trop fort...
Pourquoi dire que ce que je savais n'est pas reluisant alors que je ne pense pas du tout cela...???
Je ne pense pas errer aux portes de la nuit, non plus...
De toute façon la nuit est le jour de Lestat...
Madame j'ai toujours aimé vos tours et vos atours et je sais mieux que quiconque la teneur de ce billet mélancolique...
Je vous embrasse Madame

[Selina]

@ Succuba, rien de plus tranchant que des mots surpris par accident et qui parlent de vous, ceux qui révèlent une hypocrisie dont vous êtes victime. Tu vois, cela fait une éternité et je les ressasse encore parfois.
Je me demande souvent si je ne suis pas à ce point écorchée pour ressentir encore des choses aussi cuisantes.

@ Philachev, le pire dans l'expression "paroles en l'air", c'est la volonté insolente de leur auteur de minimiser l'impact des mots (et donc de sa trahison par exemple)
Je crois que je pardonnerais plus aisément un acte sous l'impulsion que des paroles pensées et longuement rédigées.
Mais ça n'engage que moi.
De retour, oui ;-) Je ne suis pas un modèle de régularité, je te l'avais dit !

@ Jeff, chacun son histoire... la mienne est bien longue pour que je développe ici un point de vue aussi tranché que le mien. Ceux qui me connaissent comprennent... ou pas. Peu importe après tout. Le principal intéressé sans aucun doute. Merci et bienvenue (y a rien sous ma jupe !:-)

@ Michel, merci pour le lien, tu peux sans problème. Moi je n'en mets pas, choix personnel, je visite par les commentaires.
Reviens quand tu veux.

@ Foldenvy, les images jaunissent, s'adoucissent, se nuancent, deviennent floues souvent... j'ai même oublié des visages aimés, faut le faire !
Mais je parle pour moi, je ne dois pas être très visuelle.

@ Libertin 123, tu as bien résumé le pouvoir de mots différents. Sauf que faire le tri de mots imprimés à notre affect comme à notre mémoire, ce n'est pas comme trier des patates !!!
Je ne sais pas trier, je garde des moments la complexité et la richesse premières. C'est sans doute pour ça que j'aime écrire sur l'instant.
Bises.

@ Lestat, avatar de multiples Il, pas un n'aura compris la profondeur de ce que cela signifie pour moi, mais beaucoup la devinent et c'est bien suffisant. Pourquoi laisser à tous la porte grande ouverte sur les détails des miasmes et des erreurs de mon passé ? Ce n'est pas big brother ici. Pas de caméra dans les chiottes.

@ M. Chapeau, je rejoins ton dernier avis lorsque je dis qu'un mot choisi ne l'est pas innocemment, même s'il dépasse la pensée, il sort pour blesser et c'est cette intention qui est la plus lamentable.

@ Naamah, tu as entièrement raison, d'où ma volonté de ne pas effacer mon ancien repaire. Je n'arrive pas à y retourner pour l'instant mais je sais que la mémoire est là, que rien ni personne ne pourra minimiser dans le futur.
Bises

@ Volcane, la fleur attend peut-être le vrai printemps pour s'extirper de sa gangue gelée... quelle force il lui faut acquérir encore !
Je t'embrasse

@ Ys, les odeurs ont pour vocation de suggérer des souvenirs, de ressusciter des moments. J'y suis très attentive. Aux mauvaises aussi d'ailleurs, c'est fatiguant d'être sensible comme moi (aparté ne te concernant pas bien sûr :-)

@ Titia, je n'ai pas tout compris. Celui d'être venus... que l'on nous ait honoré de quelques mots ? Je préfère parfois (et de loin) le silence.

@ Gicerilla, il est très fort pour ça. Il savait tout oui. Mais maintenant il ne sait plus rien.
Et ce qu'il savait n'est pas reluisant pour lui alors laissons-le errer aux portes de la nuit.
Merci de ton grain de sel, ça remue un peu la poussière ici :-)